
Origines et situation
La Chapelle Notre-Dame de Trémalo se trouve sur les hauteurs de Pont-Aven, sur l’ancien territoire paroissial de Nizon, à proximité du hameau de Trémalo. Elle fut édifiée en 1550, une date inscrite au-dessus de la porte sud qui confirme son origine. La construction relève d’une fondation seigneuriale attribuée à la famille du Plessis, dont les armoiries apparaissent encore sur divers éléments de la chapelle et de son mobilier.
Architecture extérieure et environnement
La chapelle présente un plan rectangulaire, caractérisé par un chevet plat et des murs de granite soigneusement appareillés. Son architecture illustre le style gothique flamboyant, notamment au niveau des baies du chevet, dont certaines furent ultérieurement murées. Le pignon ouest porte un petit clocher de type cornouaillais, tandis que la toiture, pentue, descend très bas côté nord, particularité qui contribue à l’allure singulière de l’édifice.
On y accède par une allée bordée de chênes et de châtaigniers, au cœur d’un site verdoyant que l’on nomme le « Bois d’Amour ». Ce cheminement entre arbres et lumière confère à la visite un sentiment de calme et de recueillement, comme une transition douce avant de pénétrer dans la chapelle.

Intérieur, décor et mobilier
L’intérieur se compose d’une nef flanquée de bas-côtés, divisée en six travées soutenues par des arcades en arc brisé reposant sur des piliers cylindriques sans chapiteaux. La voûte en bois lambrissé révèle un travail soigné, renforcé par des poutres sculptées et des sablières ornées de motifs variés. On y reconnaît des têtes humaines, des animaux, des figures grotesques, parfois allusives aux péchés capitaux, d’autres portant les armoiries des fondateurs.
Le mobilier regroupe trois autels en bois appuyés contre le chevet, séparés du reste de la nef par une grille de communion. La statuaire abonde et témoigne de la piété populaire bretonne. On y admire notamment une Vierge à l’Enfant en pierre du XVe siècle, un groupe sculpté représentant sainte Anne instruisant la Vierge (bois polychrome du XVIIe siècle), ainsi que plusieurs statues en bois polychrome figurant saint Corentin, saint Laurent, saint Étienne, saint Léger ou encore sainte Madeleine.

Le « Christ jaune » et l’héritage artistique
La chapelle renferme un crucifix polychrome du XVIIe siècle devenu célèbre sous le nom de « Christ jaune ». Paul Gauguin le choisit pour l’un de ses tableaux majeurs en 1889, avant de le représenter encore dans un autoportrait l’année suivante. Cette œuvre contribua largement à faire connaître la chapelle bien au-delà de Pont-Aven.
Mais l’attrait artistique ne commence pas avec Gauguin. Dès les années 1860, peintres venus d’Allemagne, de Grande-Bretagne, d’Amérique, de Suisse, de Finlande ou d’Irlande fréquentèrent ce lieu, séduits par son atmosphère simple et inspirante. La lumière tamisée sur le bois et la pierre, le silence, la nature environnante, tout concourait à nourrir leur regard. La chapelle devint ainsi une halte prisée des artistes liés à la fameuse École de Pont-Aven.

Sauvegarde, restauration et vie actuelle
Classée monument historique depuis 1932, la chapelle a bénéficié de plusieurs campagnes de restauration au cours de son histoire. Des travaux importants furent menés notamment en 1755 puis en 1957. Au début du XXIe siècle, des interventions complémentaires ont consolidé maçonneries, voûtes et escalier du clocher, grâce à l’action d’associations dévouées à sa préservation.
Aujourd’hui encore, la chapelle est ouverte au public toute l’année, l’entrée se faisant librement, chacun pouvant participer à son entretien par un don.

Une chapelle entre mémoire, foi et beauté
La chapelle de Trémalo se découvre comme un refuge où le temps paraît suspendu. L’édifice mêle sobriété architecturale et richesse symbolique ; la pierre, le bois et la lumière s’y répondent avec douceur. Les pas résonnent sous la charpente, et l’on ressent la présence des fidèles, des artistes, des générations passées.
Lieu de culte, d’art et de silence, elle raconte l’histoire d’une Bretagne humble et rayonnante. S’y arrêter, c’est accepter l’invitation à contempler. Ici, la nature veille, la mémoire demeure, l’inspiration circule encore, comme un souffle ancien qui traverse les siècles.

